Titre : | Être sans destin | Auteurs : | Imre Kertész | Editeur : | 10-18, 2006 | Collection : | Domaine étranger num. 3589 | Importance : | 366 p. | Langues : | Français Langues originales : Hongrois | | | Résumé : | Budapest, 1944. Arraché à sa famille, le narrateur, 15 ans, se retrouve tassé dans un wagon à bestiaux. Depuis que l'étoile jaune a fait de lui un paria, le jeune garçon enregistre ce qui lui arrive avec une minutie ingénue. Une distance, qui fait la singularité parfois paradoxale de ce «roman» au thème devenu hélas familier. Après tout, ce voyage est peut-être une occasion de voir le monde. Un lever du soleil magnifique n'éclaire-t-il pas l'arrivée à Auschwitz-Birkenau? L'accueil est bon enfant, des plates-bandes de fleurs bordent d'étranges constructions. Etape par étape, le processus se démasque. File de droite, file de gauche, file de mort, file de vie. De vie? La vie à 15 ans, «dans les intervalles de la souffrance, parmi les cheminées». On te demande ton nom, tu réponds par un chiffre, tu connais toutes les plaies de ton corps dévasté, mais tu n'es plus dedans.
"Imre Kertész est un écrivain juif hongrois qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 2002. Il fait partie des rescapés de l'horreur concentrationnaire. Il a vécu ensuite sous le régime stalinien en Hongrie jusqu'à son effondrement. Dans « Être sans destin », il raconte son arrestation, sa détention à Auschwitz, Zeitz et Buchenwald, et son retour à Budapest. C'est à la fois son histoire et celle d'un autre dont il serait très proche. Pour ce faire, il emploie des moyens littéraires qui l'apparente à Franz Kafka.
Comme dans les romans et certaines nouvelles de Kafka, un individu est placé dans une situation absurde, ignoble. L'adolescent qui s'exprime ici à la première personne a l'impression suivante : « être tombé soudain au beau milieu d'une pièce de théâtre insensée où je ne connaissais pas très bien mon rôle. » (page 81). Il est étonné par chaque circonstance et il fait mine de convenir que « cela n'a rien d'extraordinaire, à bien y réfléchir... ». Tout sera donc traité avec une politesse glacée, un pseudo-conformisme, engendrant une forme d'humour impitoyable. Sans relâche, de la première à la dernière page, chaque fait sera placé sous le regard attentif, incrédule et d'une lucidité féroce de cet adolescent. Cette approche distanciée conduit à détruire toutes « les valeurs » qui sont chères à certains, la religion, le patriotisme, la croyance que « " l'opinion mondiale " était bouleversée par ce qui nous arrivait », les efforts pour « se conduire dignement face aux autorités ». Toutes les tentatives diverses pour chercher un sens ou une rationalité aux faits et gestes sont réduites à néant et s'insèrent, comme les pièces d'un puzzle, dans un dispositif cohérent, celui qui conduit tout un chacun à Auschwitz, en quelque sorte sans encombre. Au terme du voyage, les « inaptes au travail » iront à la douche comme tout le monde, avec des consignes précises et un morceau de savon, « sauf qu'on ne leur a pas envoyé de l'eau mais du gaz ».
Une fois dans l'enfer du camp, tous les déportés en sont réduits, quels que soient leur personnalité, leur âge, leur expérience, leur degré d'espoir ou de désespoir, à tâcher « seulement d'être de bons détenus ». Imre Kertész barre la route violemment à toutes les tentatives d'aborder l'univers concentrationnaire avec de la « compassion », de la « compréhension », de « l'indignation » et autres « bons sentiments » trop faciles pour être honnêtes. Après ce défi lancé par l'écrivain, le travail de réflexion en profondeur peut commencer et c'est à chacun de l'accomplir. (Le 7 mai 2003 - Samuel Holder - Culture et révolution)" | Mots-clés : | thème littéraire guerre mondiale : 1939-1945 déportation autobiographie récit de vie témoignage antisémitisme violation des droits de l'homme Budapest : Hongrie condition humaine question philosophique violence adolescence jeunesse absurde humour ironie | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | autobiographie/roman/témoignage | En ligne : | http://mondalire.pagesperso-orange.fr/etre_sans_destin.htm |
Être sans destin [texte imprimé] / Imre Kertész . - [S.l.] : 10-18, 2006 . - 366 p.. - ( Domaine étranger; 3589) . ISBN : 978-2-264-03381-9 : 8,50 Langues : Français Langues originales : Hongrois | | Résumé : | Budapest, 1944. Arraché à sa famille, le narrateur, 15 ans, se retrouve tassé dans un wagon à bestiaux. Depuis que l'étoile jaune a fait de lui un paria, le jeune garçon enregistre ce qui lui arrive avec une minutie ingénue. Une distance, qui fait la singularité parfois paradoxale de ce «roman» au thème devenu hélas familier. Après tout, ce voyage est peut-être une occasion de voir le monde. Un lever du soleil magnifique n'éclaire-t-il pas l'arrivée à Auschwitz-Birkenau? L'accueil est bon enfant, des plates-bandes de fleurs bordent d'étranges constructions. Etape par étape, le processus se démasque. File de droite, file de gauche, file de mort, file de vie. De vie? La vie à 15 ans, «dans les intervalles de la souffrance, parmi les cheminées». On te demande ton nom, tu réponds par un chiffre, tu connais toutes les plaies de ton corps dévasté, mais tu n'es plus dedans.
"Imre Kertész est un écrivain juif hongrois qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 2002. Il fait partie des rescapés de l'horreur concentrationnaire. Il a vécu ensuite sous le régime stalinien en Hongrie jusqu'à son effondrement. Dans « Être sans destin », il raconte son arrestation, sa détention à Auschwitz, Zeitz et Buchenwald, et son retour à Budapest. C'est à la fois son histoire et celle d'un autre dont il serait très proche. Pour ce faire, il emploie des moyens littéraires qui l'apparente à Franz Kafka.
Comme dans les romans et certaines nouvelles de Kafka, un individu est placé dans une situation absurde, ignoble. L'adolescent qui s'exprime ici à la première personne a l'impression suivante : « être tombé soudain au beau milieu d'une pièce de théâtre insensée où je ne connaissais pas très bien mon rôle. » (page 81). Il est étonné par chaque circonstance et il fait mine de convenir que « cela n'a rien d'extraordinaire, à bien y réfléchir... ». Tout sera donc traité avec une politesse glacée, un pseudo-conformisme, engendrant une forme d'humour impitoyable. Sans relâche, de la première à la dernière page, chaque fait sera placé sous le regard attentif, incrédule et d'une lucidité féroce de cet adolescent. Cette approche distanciée conduit à détruire toutes « les valeurs » qui sont chères à certains, la religion, le patriotisme, la croyance que « " l'opinion mondiale " était bouleversée par ce qui nous arrivait », les efforts pour « se conduire dignement face aux autorités ». Toutes les tentatives diverses pour chercher un sens ou une rationalité aux faits et gestes sont réduites à néant et s'insèrent, comme les pièces d'un puzzle, dans un dispositif cohérent, celui qui conduit tout un chacun à Auschwitz, en quelque sorte sans encombre. Au terme du voyage, les « inaptes au travail » iront à la douche comme tout le monde, avec des consignes précises et un morceau de savon, « sauf qu'on ne leur a pas envoyé de l'eau mais du gaz ».
Une fois dans l'enfer du camp, tous les déportés en sont réduits, quels que soient leur personnalité, leur âge, leur expérience, leur degré d'espoir ou de désespoir, à tâcher « seulement d'être de bons détenus ». Imre Kertész barre la route violemment à toutes les tentatives d'aborder l'univers concentrationnaire avec de la « compassion », de la « compréhension », de « l'indignation » et autres « bons sentiments » trop faciles pour être honnêtes. Après ce défi lancé par l'écrivain, le travail de réflexion en profondeur peut commencer et c'est à chacun de l'accomplir. (Le 7 mai 2003 - Samuel Holder - Culture et révolution)" | Mots-clés : | thème littéraire guerre mondiale : 1939-1945 déportation autobiographie récit de vie témoignage antisémitisme violation des droits de l'homme Budapest : Hongrie condition humaine question philosophique violence adolescence jeunesse absurde humour ironie | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | autobiographie/roman/témoignage | En ligne : | http://mondalire.pagesperso-orange.fr/etre_sans_destin.htm |
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