Titre : | Le Vase d'or (Der Goldne Topf), Les Mines de Falun (Die Bergwerke zu Falun) | Auteurs : | E.T.A. Hoffmann, Auteur | Editeur : | Montaigne, 1977 | Collection : | Domaine Allemand/bilingue | Importance : | 357 p. | Langues : | Multilingue | | | Résumé : | Le Vase d'or : À Dresde, Anselme, jeune étudiant gaffeur dégoûté d'une vie pleine d'échecs, se promène tristement le long de l'Elbe, méditant sur une bêtise qui l'a laissé sans le sou, le privant du plaisir de participer à la joyeuse fête de l'Ascension, lorsqu'il est soudain envoûté par le regard au bleu profond d'un petit serpent, enroulé dans les branches d'un arbre. Cette étrange rencontre bouleverse le cours de sa vie, car c’est sous cette forme que s’est muée Serpentine, la ravissante, délicieuse et étrange fille de l'archiviste Lindhorst, lui-même un être mystérieux, se révélant tour à tour fonctionnaire royal et salamandre, autoritaire comme un monarque, énigmatique comme un magicien et toujours ironique. Or Anselme est partagé entre une aspiration au raisonnable bonheur bourgeois, qui est concrétisée pour lui dans ses noces avec la gracieuse Véronique, fille du directeur adjoint Paulmann, et une impulsion non moins vive à une existence exceptionnelle et libre. En dépit de ses qualités profondes, il aspire à la Connaissance (l'extase mystique) qu'il a un jour entrevue et qui l’attire vers Serpentine. L'archiviste le guide, lui montre les épreuves à surmonter (copie de grimoires insensés), lui apprend que le monde réel est comme un enfermement dans une fiole de cristal, lui fait comprendre la grande unité du «tout». Un des points de départ de cette nouvelle fantastique et grotesque, pleine d’une fantaisie très colorée et d’un charme un peu désuet, fut l'anecdote qu’avait racontée à Hoffmann le médecin des fous, son ami Reil. Il avait trouvé un de ses malades au bord de l'eau, regardant couler un fleuve et qui lui avait dit : «Je me demande si je suis la chose qui est là-bas, dans le courant, ou bien si je suis la chose qui regarde couler le fleuve.» L'aliéné de 1810 avait réinventé sans le savoir le fameux apologue de Tchouang-Tzeu, qui, ayant révé qu'il était un papillon, se demandait au réveil s'il y avait un papillon qui rêvait de Tchouang-Tzeu, ou si Tchouang-Tzeu était un humain qui rêverait à un papillon.
La nouvelle est assez caractéristique des nouvelles fantastiques germaniques de l'époque, quantité de détails issus de légendes populaires donnant au merveilleux son épaisseur et sa vivacité. On peut lire de deux façons différentes l’histoire de cet étudiant qui, inspiré par un désir d’évasion, est arraché à la réalité bourgeoise par la magie d’un monde enchanté, peuplé d’êtres irréels et bizarres.
D'abord, c'est la très plaisante histoire picaresque, pleine de rebondissements, aux personnages attachants, d’une vie de bohème dans l'Allemagne de 1813. Anselme est un étudiant un peu fou et très ivre, qui a des «visions» après avoir trop bu de la liqueur de Conradi, du vieux vin du Rhin, ou du punch, qui prend ses rêves pour des réalités, le feu du punch pour les flammes du Saint-Esprit.
Mais c'est aussi un conte énigmatique dont le malicieux Hoffmann lui-même a révélé le sens caché : «La vie d'Anselme serait-elle autre chose que la vie dans la Poésie, à laquelle la sainte harmonie de tous les êtres se révèle comme le plus profond mystère de la nature.» C’est le récit d'une quête initiatique qui séduit et envoûte, celle, sous la direction du gourou qu’est l'archiviste, d'un graal intérieur. Les «visions» de l'étudiant Anselme sont peut-être des révélations surnaturelles. Il serait alors un chevalier des Châteaux de l'Esprit à la poursuite de la Connaissance suprême, de l'« Un », à travers une alternance d'épreuves bien réelles et de plongées dans le surréel et l'onirisme au terme de laquelle les apparences quotidiennes.
Les Mines de Falun :
Un jeune marin, Elis, venant des Indes orientales, débarque dans un port de Suède. Sitôt descendu à terre, il apprend la mort de sa mère. Et, tandis que ses compagnons fêtent leur retour en festoyant de gaillarde façon, Elis, tout à sa douleur. se retire loin de tous. Il songe que, désormais, la vie de marin lui fait horreur, et, lorsqu'un vieillard qui l'épiait, devinant son drame, lui conseille de quitter la marine et de se faire mineur, il se range à cette suggestion. Quelques jours plus tard, il arrive aux mines de Falun. Son sentiment initial de désarroi devant cette vie souterraine est aussitôt dissipé par un amour subit et partagé envers la belle Ulla, fille du propriétaire de la mine. Ayant enfin acquis la maîtrise de son métier, Elis est sur le point de réaliser son rêve d'amour et de vie familiale, lorsque, soudain, l'étrange vieillard qui l'avait conduit à la mine réapparaît et, le guidant à travers des galeries inconnues, lui révèle les merveilles d'un monde souterrain, où règne la fascinante Reine de la Montagne. Déchiré entre son amour pour Ulla et la séduction magique de cet univers de rêve, le jour même de ses noces, tandis qu'Ulla l'attend ainsi que le cortège nuptial, Elis s’enfonce dans la mine, s'avance dans une galerie réputée dangereuse et redoutée de tous et disparaît dans un éboulement.
Cinquante ans plus tard, on retrouve son cadavre, beau et apparemment intact comme au jour de ses noces. Ulla, qui n’a jamais cessé de le pleurer, meurt en I’étreignant, tandis que le cadavre se réduit en pussière entre ses bras.
Commentaire
C’est le fantastique et spectral remaniement d'une légende bien connue. On trouve, dans cette nouvelle, des scènes réaliste de la vie des marins et des mineurs, des types d’une saine humanité, comme Ulla et son père, contrastant, sans cependant le contredire, avec un monde de visions, de surnaturel attirant, d’halIucinantes obsessions, qui mènent le héros à sa perte.
| Mots-clés : | thème littéraire Hoffmann, E.T.A :1776-1822 Allemagne 19ème siècle fantastique : genre Merveilleux : genre Romantisme Dresde étudiant mal de vivre serpent envoûtement relation père-fille archiviste magie sorcellerie bourgeoisie petit bourgeois légende conte fantaisie vie de bohème écrivain poésie onirisme rêve vision Suède Marin relation mère-fils deuil chagrin mineur mines amour relation homme-femme mariage obsession | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | roman | En ligne : | http://sites.univ-provence.fr/wctel/cours/bozzetto/pages/romantis.htm | Format de la ressource électronique : | www.comptoirlitteraire.com |
Le Vase d'or (Der Goldne Topf), Les Mines de Falun (Die Bergwerke zu Falun) [texte imprimé] / E.T.A. Hoffmann, Auteur . - [S.l.] : Montaigne, 1977 . - 357 p.. - ( Domaine Allemand/bilingue) . 85,00 Langues : Multilingue | | Résumé : | Le Vase d'or : À Dresde, Anselme, jeune étudiant gaffeur dégoûté d'une vie pleine d'échecs, se promène tristement le long de l'Elbe, méditant sur une bêtise qui l'a laissé sans le sou, le privant du plaisir de participer à la joyeuse fête de l'Ascension, lorsqu'il est soudain envoûté par le regard au bleu profond d'un petit serpent, enroulé dans les branches d'un arbre. Cette étrange rencontre bouleverse le cours de sa vie, car c’est sous cette forme que s’est muée Serpentine, la ravissante, délicieuse et étrange fille de l'archiviste Lindhorst, lui-même un être mystérieux, se révélant tour à tour fonctionnaire royal et salamandre, autoritaire comme un monarque, énigmatique comme un magicien et toujours ironique. Or Anselme est partagé entre une aspiration au raisonnable bonheur bourgeois, qui est concrétisée pour lui dans ses noces avec la gracieuse Véronique, fille du directeur adjoint Paulmann, et une impulsion non moins vive à une existence exceptionnelle et libre. En dépit de ses qualités profondes, il aspire à la Connaissance (l'extase mystique) qu'il a un jour entrevue et qui l’attire vers Serpentine. L'archiviste le guide, lui montre les épreuves à surmonter (copie de grimoires insensés), lui apprend que le monde réel est comme un enfermement dans une fiole de cristal, lui fait comprendre la grande unité du «tout». Un des points de départ de cette nouvelle fantastique et grotesque, pleine d’une fantaisie très colorée et d’un charme un peu désuet, fut l'anecdote qu’avait racontée à Hoffmann le médecin des fous, son ami Reil. Il avait trouvé un de ses malades au bord de l'eau, regardant couler un fleuve et qui lui avait dit : «Je me demande si je suis la chose qui est là-bas, dans le courant, ou bien si je suis la chose qui regarde couler le fleuve.» L'aliéné de 1810 avait réinventé sans le savoir le fameux apologue de Tchouang-Tzeu, qui, ayant révé qu'il était un papillon, se demandait au réveil s'il y avait un papillon qui rêvait de Tchouang-Tzeu, ou si Tchouang-Tzeu était un humain qui rêverait à un papillon.
La nouvelle est assez caractéristique des nouvelles fantastiques germaniques de l'époque, quantité de détails issus de légendes populaires donnant au merveilleux son épaisseur et sa vivacité. On peut lire de deux façons différentes l’histoire de cet étudiant qui, inspiré par un désir d’évasion, est arraché à la réalité bourgeoise par la magie d’un monde enchanté, peuplé d’êtres irréels et bizarres.
D'abord, c'est la très plaisante histoire picaresque, pleine de rebondissements, aux personnages attachants, d’une vie de bohème dans l'Allemagne de 1813. Anselme est un étudiant un peu fou et très ivre, qui a des «visions» après avoir trop bu de la liqueur de Conradi, du vieux vin du Rhin, ou du punch, qui prend ses rêves pour des réalités, le feu du punch pour les flammes du Saint-Esprit.
Mais c'est aussi un conte énigmatique dont le malicieux Hoffmann lui-même a révélé le sens caché : «La vie d'Anselme serait-elle autre chose que la vie dans la Poésie, à laquelle la sainte harmonie de tous les êtres se révèle comme le plus profond mystère de la nature.» C’est le récit d'une quête initiatique qui séduit et envoûte, celle, sous la direction du gourou qu’est l'archiviste, d'un graal intérieur. Les «visions» de l'étudiant Anselme sont peut-être des révélations surnaturelles. Il serait alors un chevalier des Châteaux de l'Esprit à la poursuite de la Connaissance suprême, de l'« Un », à travers une alternance d'épreuves bien réelles et de plongées dans le surréel et l'onirisme au terme de laquelle les apparences quotidiennes.
Les Mines de Falun :
Un jeune marin, Elis, venant des Indes orientales, débarque dans un port de Suède. Sitôt descendu à terre, il apprend la mort de sa mère. Et, tandis que ses compagnons fêtent leur retour en festoyant de gaillarde façon, Elis, tout à sa douleur. se retire loin de tous. Il songe que, désormais, la vie de marin lui fait horreur, et, lorsqu'un vieillard qui l'épiait, devinant son drame, lui conseille de quitter la marine et de se faire mineur, il se range à cette suggestion. Quelques jours plus tard, il arrive aux mines de Falun. Son sentiment initial de désarroi devant cette vie souterraine est aussitôt dissipé par un amour subit et partagé envers la belle Ulla, fille du propriétaire de la mine. Ayant enfin acquis la maîtrise de son métier, Elis est sur le point de réaliser son rêve d'amour et de vie familiale, lorsque, soudain, l'étrange vieillard qui l'avait conduit à la mine réapparaît et, le guidant à travers des galeries inconnues, lui révèle les merveilles d'un monde souterrain, où règne la fascinante Reine de la Montagne. Déchiré entre son amour pour Ulla et la séduction magique de cet univers de rêve, le jour même de ses noces, tandis qu'Ulla l'attend ainsi que le cortège nuptial, Elis s’enfonce dans la mine, s'avance dans une galerie réputée dangereuse et redoutée de tous et disparaît dans un éboulement.
Cinquante ans plus tard, on retrouve son cadavre, beau et apparemment intact comme au jour de ses noces. Ulla, qui n’a jamais cessé de le pleurer, meurt en I’étreignant, tandis que le cadavre se réduit en pussière entre ses bras.
Commentaire
C’est le fantastique et spectral remaniement d'une légende bien connue. On trouve, dans cette nouvelle, des scènes réaliste de la vie des marins et des mineurs, des types d’une saine humanité, comme Ulla et son père, contrastant, sans cependant le contredire, avec un monde de visions, de surnaturel attirant, d’halIucinantes obsessions, qui mènent le héros à sa perte.
| Mots-clés : | thème littéraire Hoffmann, E.T.A :1776-1822 Allemagne 19ème siècle fantastique : genre Merveilleux : genre Romantisme Dresde étudiant mal de vivre serpent envoûtement relation père-fille archiviste magie sorcellerie bourgeoisie petit bourgeois légende conte fantaisie vie de bohème écrivain poésie onirisme rêve vision Suède Marin relation mère-fils deuil chagrin mineur mines amour relation homme-femme mariage obsession | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | roman | En ligne : | http://sites.univ-provence.fr/wctel/cours/bozzetto/pages/romantis.htm | Format de la ressource électronique : | www.comptoirlitteraire.com |
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