Titre : | La Fille du Gobernator | Auteurs : | Paule Constant, Auteur | Editeur : | Gallimard, 1994 | Collection : | Nrf | Importance : | 186 p. | Langues : | Français | | | Résumé : | Au lendemain de la Grande Guerre, le nouveau Gobernator du bagne, héros et gueule cassée, débarque à Cayenne pour y prendre ses fonctions. Il est accompagné de sa femme, l'admirable infirmière qui le soigna, et de leur fille Chrétienne âgée de sept ans. Si le bagne représente pour les parents le lieu de l'expiation, de la rédemption, voire du salut, il est pour l'enfant celui d'une longue descente aux Enfers. Confiée aux bagnards, élevée, habillée, coiffée par les plus endurcis des criminels et les plus tendres des voyous, Chrétienne apprend la vie. Dans sa jubilation et sa cocasserie, cette « Alice au pays des démons » est une superbe création littéraire dont la poésie désespérée ne peut être que le violent exorcisme de l'enfance.
"Le Canard enchaîné, 5 octobre 1994.
Poires de Cayenne
Elle s’appelle Chrétienne, elle a sept ans, sa mère est le Mère de Dieu, son papa le gouverneur de Cayenne, elle devient la fille chérie des bagnards et des maladies : c’est « La fille du Gobernator », un gobergeant roman de Paule Constant (Gallimard).
C’est la fête ! Paule constant est en pleine forme ! « Le plus surprenant était qu’il n'y avait rien à en dire… » Et pourtant, le Gobernator, gueule cassée d’Ypres, a épousé son infirmière qui s'apprêtait déjà à devenir sainte lépreuse : c’était une âme admirable. Elle avait chois son mari entre tous, « car le plus atteint, le souhaitant même défiguré. Elle ne fut pas déçue ». Par quel miracle firent-ils une enfançonne ? Le Gobernator, en parlant de sa fille dit « Elle ». Avec un « E » infâmant, majuscule.
Il vient donc à Cayenne gouverner le bagne, après la Grande Guerre. On choisit les domestiques parmi les « relégués », les bagnards en principe libérés qui redoublent leur peine en civil. Les criminels, surtout, ma chère, « sont très doux envers les enfants ». Sa mère demande au Corse qu’il lui désigne comme servants « les pires ». Dieu bon ! Et la jeune Chrétienne, du bas de ses sept ans, copine avec la lie de l’humanité, ou ce que cette terre spongieuse en a fait. Elle donne toujours les bonnes réponses : « Rognons rouges et pipi jaune ». Et pose les bonnes questions, après avoir perdu ses crapauds fétiches Lord Jim et Priscilla. Entre les « énormes, les géants comme des melons, des pastèques, des citrouilles et même des pataouasses », elle élit évidemment les pataouasses. « Ça a pissé le sang par ici », siffle-t-elle lors de sa première balade près des baraquements.
Chrétienne s’imprègne de Cayenne : de la volonté de mort de sa père, de l’aspiration à devenir lépreuse de sa Mère de Dieu, de l’affection des bagnards qui la traitent de « petit bout de jambon » en pressant contre elle leur corps de paludéens. C’est exquis, et Paule Constant s’ébat divinement dans cette touffeur horrifiante. Chrétienne trouve quatre têtes dans des bocaux de formol, une rouge, une jaune, une blanche, une noire, attrape toutes les maladies disponibles sur le marché, apprend l’orthographe sur les listes d’adjudication, embrasse son crapaud favori sur les lèvres, est de plus en plus délaissée par la Mère de Dieu qui finit par aller faire lépreuse sur une île furonculeuse.
Elle connaît l’horreur de la profonde nuit de l’absence de la mère, l’abandon, et les retrouvailles avec Tchang, nain chinois de cirque qui, longtemps, n’a même pas su qu’il était un être humain. C’est court, c’est heureux, car à travers les 7 ans de Chrétienne, qui est promise à revenir en France, pauvre orpheline chez les sœurs de « Saint Mort », près de Paris. C’est succulent, et Paule Constant peut être fière de sa fille du Gobernator : si les ganaches volaient, elle serait chef de l’escadrille bagnarde !
Dominique Durand. "
http://www.pauleconstant.com/FDGpresse.html#Obs
| Mots-clés : | thème littéraire 1919-1939 Guyane française établissement pénitentiaire administration pénitentiaire couple : famille enfance relation parent-enfant enfant : famille comportement social relation sociale éducation développement de la personnalité développement affectif développement intellectuel humour exclusion sociale criminalité Cayenne : Guyane française nature relation enfant-animal batracien | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | roman | En ligne : | http://panoramas.over-blog.fr/ext/http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/v [...] |
La Fille du Gobernator [texte imprimé] / Paule Constant, Auteur . - [S.l.] : Gallimard, 1994 . - 186 p.. - ( Nrf) . ISBN : 978-2-07-073976-9 : 8.00 Langues : Français | | Résumé : | Au lendemain de la Grande Guerre, le nouveau Gobernator du bagne, héros et gueule cassée, débarque à Cayenne pour y prendre ses fonctions. Il est accompagné de sa femme, l'admirable infirmière qui le soigna, et de leur fille Chrétienne âgée de sept ans. Si le bagne représente pour les parents le lieu de l'expiation, de la rédemption, voire du salut, il est pour l'enfant celui d'une longue descente aux Enfers. Confiée aux bagnards, élevée, habillée, coiffée par les plus endurcis des criminels et les plus tendres des voyous, Chrétienne apprend la vie. Dans sa jubilation et sa cocasserie, cette « Alice au pays des démons » est une superbe création littéraire dont la poésie désespérée ne peut être que le violent exorcisme de l'enfance.
"Le Canard enchaîné, 5 octobre 1994.
Poires de Cayenne
Elle s’appelle Chrétienne, elle a sept ans, sa mère est le Mère de Dieu, son papa le gouverneur de Cayenne, elle devient la fille chérie des bagnards et des maladies : c’est « La fille du Gobernator », un gobergeant roman de Paule Constant (Gallimard).
C’est la fête ! Paule constant est en pleine forme ! « Le plus surprenant était qu’il n'y avait rien à en dire… » Et pourtant, le Gobernator, gueule cassée d’Ypres, a épousé son infirmière qui s'apprêtait déjà à devenir sainte lépreuse : c’était une âme admirable. Elle avait chois son mari entre tous, « car le plus atteint, le souhaitant même défiguré. Elle ne fut pas déçue ». Par quel miracle firent-ils une enfançonne ? Le Gobernator, en parlant de sa fille dit « Elle ». Avec un « E » infâmant, majuscule.
Il vient donc à Cayenne gouverner le bagne, après la Grande Guerre. On choisit les domestiques parmi les « relégués », les bagnards en principe libérés qui redoublent leur peine en civil. Les criminels, surtout, ma chère, « sont très doux envers les enfants ». Sa mère demande au Corse qu’il lui désigne comme servants « les pires ». Dieu bon ! Et la jeune Chrétienne, du bas de ses sept ans, copine avec la lie de l’humanité, ou ce que cette terre spongieuse en a fait. Elle donne toujours les bonnes réponses : « Rognons rouges et pipi jaune ». Et pose les bonnes questions, après avoir perdu ses crapauds fétiches Lord Jim et Priscilla. Entre les « énormes, les géants comme des melons, des pastèques, des citrouilles et même des pataouasses », elle élit évidemment les pataouasses. « Ça a pissé le sang par ici », siffle-t-elle lors de sa première balade près des baraquements.
Chrétienne s’imprègne de Cayenne : de la volonté de mort de sa père, de l’aspiration à devenir lépreuse de sa Mère de Dieu, de l’affection des bagnards qui la traitent de « petit bout de jambon » en pressant contre elle leur corps de paludéens. C’est exquis, et Paule Constant s’ébat divinement dans cette touffeur horrifiante. Chrétienne trouve quatre têtes dans des bocaux de formol, une rouge, une jaune, une blanche, une noire, attrape toutes les maladies disponibles sur le marché, apprend l’orthographe sur les listes d’adjudication, embrasse son crapaud favori sur les lèvres, est de plus en plus délaissée par la Mère de Dieu qui finit par aller faire lépreuse sur une île furonculeuse.
Elle connaît l’horreur de la profonde nuit de l’absence de la mère, l’abandon, et les retrouvailles avec Tchang, nain chinois de cirque qui, longtemps, n’a même pas su qu’il était un être humain. C’est court, c’est heureux, car à travers les 7 ans de Chrétienne, qui est promise à revenir en France, pauvre orpheline chez les sœurs de « Saint Mort », près de Paris. C’est succulent, et Paule Constant peut être fière de sa fille du Gobernator : si les ganaches volaient, elle serait chef de l’escadrille bagnarde !
Dominique Durand. "
http://www.pauleconstant.com/FDGpresse.html#Obs
| Mots-clés : | thème littéraire 1919-1939 Guyane française établissement pénitentiaire administration pénitentiaire couple : famille enfance relation parent-enfant enfant : famille comportement social relation sociale éducation développement de la personnalité développement affectif développement intellectuel humour exclusion sociale criminalité Cayenne : Guyane française nature relation enfant-animal batracien | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | roman | En ligne : | http://panoramas.over-blog.fr/ext/http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/v [...] |
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