Titre : | 1984 | Auteurs : | GEORGE ORWELL, Auteur | Editeur : | Gallimard, 1996 | Collection : | Folio | Importance : | 438 p. | Langues : | Français Langues originales : Anglais | | | Résumé : | George Orwell écrit 1984 en 1948 ( l’inversion des 2 derniers chiffres serait une des explications du titre) et le publie l’année suivante.
" Militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s'est inspiré de Staline pour en faire son 'Big Brother' et pour dépeindre la société totalitaire ultime. Dans une contre-utopie cinglante, Orwell propose une réflexion sur la ruine de l'homme par la confiscation de la pensée et la prolifération de la technocratie. Ce roman nous dévoile une société plongée dans une 'hypnose sociale' où la perversion du langage prédomine : la Paix c'est la Guerre ; l'Amour, la Haine...
Livre de science-fiction ou traité de philosophie politique ? 1984 de George ORWELL combine génialement les deux genres, c'est ce qui fait la qualité et le renom de ce roman impressionnant.
C'est dans l'immédiate après-guerre, alors qu'il est mourrant, qu'Orwell imagine le monde des années quatre-vingt plongé dans le totalitarisme. Trois Etats totalitaires concurrents perpétuellement en guerre se partagent la planète : l'Océania dirigée par Big Brother, l'Eurasia et l'Estasia.
Orwell qui a été contemporain du nazisme et du stalinisme imagine un totalitarisme absolu, qui ne contrôlerait plus seulement les actes mais surtout les esprits, et avec eux la mémoire, et donc la vérité, la science et l'histoire.
« Le commandement des anciens despotismes était : 'Tu ne dois pas.' Le commandement des totalitaires était : 'Tu dois.' Notre commandement est : 'Tu es.' » (p.360)
Pour domestiquer les esprits, le parti unique invente une langue nouvelle, le novlangue, censée limiter les dangereuses éruptions mentales intempestives (ces associations d'idées nées de notre vocabulaire riche et complexe), et une gymnastique mentale appelée doublepensée permettant de faire coexister une vérité et son contraire.
Le plus inquiétant c'est de constater la machine infernale qui est en marche dans 1984 : le temps joue pour ce système diabolique qui est toujours plus puissant, toujours moins vulnérable. Si on ne détruit pas les germes du mal avant qu'ils n'aient pris racine, le processus totalitaire imaginé par Orwell semble indestructible, irréversible. C'est ce qui explique d'ailleurs la teinte sombre du roman, très pessimiste.
Passage très fort du roman : la torture physique et psychologique subie par Winston dans le 'Ministère de l'Amour'. On retrouve les terribles techniques employées jadis par l'Inquisition puis perfectionnées par nazis et staliniens. Cet apparent paradoxe notamment : le supplicié finit par se sentir proche de son tortionnaire, il l'aime et souhaite obtenir son soutien, il veut faire plaisir à celui qui le fait souffrir au-delà du supportable… Orwell était un grand connaisseur de l'âme humaine.
Notre époque contemporaine a heureusement échappé aux totalitarismes nés de l'après-guerre. On ressort pourtant de la lecture de 1984 avec un profond malaise. Les germes diffus du totalitarisme de Big Brother semblent nous menacer quotidiennement. Bien sûr il n'existe pas de parti unique pour porter ce totalitarisme, mais c'est justement ce qui fait sa force menaçante.
Une forme de novlangue ne s'instaure-t-elle pas dans notre société ? Le « politiquement correct » dans les médias et le jargon technicien incompréhensible des spécialistes (essayez de lire un texte de loi moderne ou de comprendre une réforme économique…) ne sont-ils pas deux déclinaisons complémentaires de cette novlangue contemporaine ?
L'ignorance crasse règne partout en maîtresse et se drape majestueusement dans les oripeaux de la science : on est capable de parler de tout mais on ne connaît rien (c'est un des enseignements dispensés à Sciences Po sous le vocable vertueux de « culture générale »). Combien de journalistes et d'étudiants qui citent 1984 et Orwell sans répit ont-ils véritablement lu ce roman ?
Le fait qu'une émission de télévision anglo-saxonne très populaire s'intitule « Big Brother » devrait nous faire réfléchir sur les maux qui menacent notre tranquille société moderne.
Publié par Mathieu Scrivat
Le jeudi 12 juin 2003
http://www.asso-chc.net/article.php3?id_article=153 | Mots-clés : | thème littéraire science-fiction : genre totalitarisme propagande 1950- dictature utopie résistance : politique contestation rébellion liberté droits de l'homme violation des droits de l'homme liberté de pensée liberté d'expression perversion Etat nazisme stalisnime parti politique parti unique idéologie politique comportement social perception d'autrui perception de soi stéréotype relation sociale vie sociale représentation mentale torture | Thème de fiction : | fantastique | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | roman | En ligne : | http://www.asso-chc.net/article.php3?id_article=153 |
1984 [texte imprimé] / GEORGE ORWELL, Auteur . - [S.l.] : Gallimard, 1996 . - 438 p.. - ( Folio) . ISBN : 978-2-07-036822-8 : 8.00 Langues : Français Langues originales : Anglais | | Résumé : | George Orwell écrit 1984 en 1948 ( l’inversion des 2 derniers chiffres serait une des explications du titre) et le publie l’année suivante.
" Militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s'est inspiré de Staline pour en faire son 'Big Brother' et pour dépeindre la société totalitaire ultime. Dans une contre-utopie cinglante, Orwell propose une réflexion sur la ruine de l'homme par la confiscation de la pensée et la prolifération de la technocratie. Ce roman nous dévoile une société plongée dans une 'hypnose sociale' où la perversion du langage prédomine : la Paix c'est la Guerre ; l'Amour, la Haine...
Livre de science-fiction ou traité de philosophie politique ? 1984 de George ORWELL combine génialement les deux genres, c'est ce qui fait la qualité et le renom de ce roman impressionnant.
C'est dans l'immédiate après-guerre, alors qu'il est mourrant, qu'Orwell imagine le monde des années quatre-vingt plongé dans le totalitarisme. Trois Etats totalitaires concurrents perpétuellement en guerre se partagent la planète : l'Océania dirigée par Big Brother, l'Eurasia et l'Estasia.
Orwell qui a été contemporain du nazisme et du stalinisme imagine un totalitarisme absolu, qui ne contrôlerait plus seulement les actes mais surtout les esprits, et avec eux la mémoire, et donc la vérité, la science et l'histoire.
« Le commandement des anciens despotismes était : 'Tu ne dois pas.' Le commandement des totalitaires était : 'Tu dois.' Notre commandement est : 'Tu es.' » (p.360)
Pour domestiquer les esprits, le parti unique invente une langue nouvelle, le novlangue, censée limiter les dangereuses éruptions mentales intempestives (ces associations d'idées nées de notre vocabulaire riche et complexe), et une gymnastique mentale appelée doublepensée permettant de faire coexister une vérité et son contraire.
Le plus inquiétant c'est de constater la machine infernale qui est en marche dans 1984 : le temps joue pour ce système diabolique qui est toujours plus puissant, toujours moins vulnérable. Si on ne détruit pas les germes du mal avant qu'ils n'aient pris racine, le processus totalitaire imaginé par Orwell semble indestructible, irréversible. C'est ce qui explique d'ailleurs la teinte sombre du roman, très pessimiste.
Passage très fort du roman : la torture physique et psychologique subie par Winston dans le 'Ministère de l'Amour'. On retrouve les terribles techniques employées jadis par l'Inquisition puis perfectionnées par nazis et staliniens. Cet apparent paradoxe notamment : le supplicié finit par se sentir proche de son tortionnaire, il l'aime et souhaite obtenir son soutien, il veut faire plaisir à celui qui le fait souffrir au-delà du supportable… Orwell était un grand connaisseur de l'âme humaine.
Notre époque contemporaine a heureusement échappé aux totalitarismes nés de l'après-guerre. On ressort pourtant de la lecture de 1984 avec un profond malaise. Les germes diffus du totalitarisme de Big Brother semblent nous menacer quotidiennement. Bien sûr il n'existe pas de parti unique pour porter ce totalitarisme, mais c'est justement ce qui fait sa force menaçante.
Une forme de novlangue ne s'instaure-t-elle pas dans notre société ? Le « politiquement correct » dans les médias et le jargon technicien incompréhensible des spécialistes (essayez de lire un texte de loi moderne ou de comprendre une réforme économique…) ne sont-ils pas deux déclinaisons complémentaires de cette novlangue contemporaine ?
L'ignorance crasse règne partout en maîtresse et se drape majestueusement dans les oripeaux de la science : on est capable de parler de tout mais on ne connaît rien (c'est un des enseignements dispensés à Sciences Po sous le vocable vertueux de « culture générale »). Combien de journalistes et d'étudiants qui citent 1984 et Orwell sans répit ont-ils véritablement lu ce roman ?
Le fait qu'une émission de télévision anglo-saxonne très populaire s'intitule « Big Brother » devrait nous faire réfléchir sur les maux qui menacent notre tranquille société moderne.
Publié par Mathieu Scrivat
Le jeudi 12 juin 2003
http://www.asso-chc.net/article.php3?id_article=153 | Mots-clés : | thème littéraire science-fiction : genre totalitarisme propagande 1950- dictature utopie résistance : politique contestation rébellion liberté droits de l'homme violation des droits de l'homme liberté de pensée liberté d'expression perversion Etat nazisme stalisnime parti politique parti unique idéologie politique comportement social perception d'autrui perception de soi stéréotype relation sociale vie sociale représentation mentale torture | Thème de fiction : | fantastique | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | roman | En ligne : | http://www.asso-chc.net/article.php3?id_article=153 |
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