Titre : | Les Années | Auteurs : | Annie Ernaux, Auteur | Editeur : | Gallimard, 2008 | Collection : | Nrf | Importance : | 241 p. | Langues : | Français | | | Résumé : | Au travers de photos et de souvenirs laissés par les évènements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après guerre à aujourd'hui.
L'auteur de La Place revient avec une oeuvre qu'elle porte depuis plus de vingt ans. Une autobiographie impersonnelle et fascinante où Annie Ernaux tient la chronique de son xxe siècle.
L'auteur de La Place revient avec une oeuvre qu'elle porte depuis plus de vingt ans. Une autobiographie impersonnelle et fascinante où Annie Ernaux tient la chronique de son xxe siècle. Rencontre.
Il pleut sur Cergy et Annie Ernaux rayonne. Comme si le temps n'avait pas de prise sur ce corps élancé à la blonde et longue chevelure de jeune fille - ni les années noires, celles du cancer puis de l'inexplicable maladie de peau au nom imprononçable, ni les 67 printemps humés depuis le 1er septembre 1940.
Des fenêtres de sa maison surplombant les plaines de l'Oise, le spectacle est grandiose: nulle tour de la ville nouvelle avoisinante à l'horizon, mais un paysage éternel d'Ile-de-France, avec ses chênes, ses hêtres, ses bouleaux, sa rivière et, affirme-t-elle, par temps clair, la tour Eiffel. On la croit sur parole. Comment Annie Ernaux pourrait-elle mentir? Elle qui écrit tout depuis 1974, la honte de la petite fille d'épicier d'Yvetot devant les jeunes bourgeoises de son école, le jour de 1952 où son père a voulu tuer sa mère, sa rencontre avec une faiseuse d'anges, la passion irraisonnée pour un diplomate russe, l'Alzheimer de sa mère et tant d'autres intimités.
Les Années! Le titre claque, faussement simple, comme l'étaient Une femme, La Place, L'Evénement. Il aurait pu s'appeler «La lumière des années» («trop poétique») ou encore «Les jours du monde» - trop elliptique. C'est en 2005, deux ans avant la remise du manuscrit, le 31 octobre dernier, que la romancière a baptisé, soulagée, son livre. Une pierre de plus à l'échafaudage de ce «roman total», oeuvre maîtresse autour de laquelle elle tourne depuis vingt ans, «sorte de destin de femme qui ferait ressortir le passage du temps en elle et hors d'elle».
Annie Ernaux est une plume chercheuse. Depuis 1985, donc, l'agrégée de lettres traque la forme idéale. Non la métaphore piquante, ni l'adjectif juste ou la formule délicate, mais l'art et la méthode. C'est devant une classe de seconde d'un lycée de Vitry-sur-Seine qu'elle a, cette année-là, éprouvé le besoin de raconter, «autrement qu'avec des mots en circulation et des stéréotypes», son expérience personnelle.
«Capter le reflet projeté sur l'écran de la mémoire individuelle par l'histoire collective» n'est pas une mince affaire. Alors elle publie, «par défaut» - de jolis défauts - des ouvrages, Passion simple, La Honte, détachés du grand projet. En 2000, l'heure de la retraite sonne, ses deux fils volent depuis longtemps de leurs propres ailes, les Caddies du supermarché se font moins lourds et un sentiment d'urgence l'envahit. C'est maintenant qu'elle doit «mettre en forme par l'écriture son absence future», avant que sa mémoire ne devienne «brumeuse et muette». «Et puis, avoue-t-elle d'une voix douce, presque timide, au risque de paraître prétentieuse, j'avais le sentiment d'être la seule à pouvoir l'écrire. Pour avoir été, très tôt, gamine assise sur les escaliers du café-épicerie de mes parents, à l'écoute du bruit du monde et pour être à jamais une "transfuge sociale".»
Chaque génération y puisera ses madeleines
Les fondamentaux se dessinent. Pour cette autobiographie impersonnelle, ce sera «ils», «nous», «on», «elle», et non le «je», par trop subjectif et réducteur. Puis elle choisit l'imparfait «continu, absolu, dévorant le présent au fur et à mesure jusqu'à la dernière image d'une vie». Les photos d'elle-même, dûment datées, scanderont le récit et déclineront, tel un révélateur, la part intime de cette femme du xxe siècle. Enfin, les repas de famille et de fête, moments de relâchement mais aussi rituels répondant à des codes très précis, accompagneront la plongée dans cette «vaste sensation collective». Le tout alimenté par des milliers de notes, un journal intime et, surtout, une mémoire phénoménale.
1940-2007: la vie s'égrène, protéiforme, en autant de séquences que d'images. Au temps d'avant raconté (les guerres, la faim, le rutabaga, Pétain), succède celui d'hier, vécu, subi, jamais sublimé - elle n'apprécie guère le mot «passé». «Ça fait romantique, nostalgique. Le monde n'était pas mieux avant, il est en mutation, c'est tout.» | Mots-clés : | thème littéraire France autobiographie 1940- 2000- mémoire souvenir chronique vie quotidienne | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | autobiographie/roman | En ligne : | http://www.lexpress.fr/culture/livre/nos-annees-ernaux_822628.html |
Les Années [texte imprimé] / Annie Ernaux, Auteur . - [S.l.] : Gallimard, 2008 . - 241 p.. - ( Nrf) . ISBN : 978-2-07-077922-2 : 17,00 Langues : Français | | Résumé : | Au travers de photos et de souvenirs laissés par les évènements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après guerre à aujourd'hui.
L'auteur de La Place revient avec une oeuvre qu'elle porte depuis plus de vingt ans. Une autobiographie impersonnelle et fascinante où Annie Ernaux tient la chronique de son xxe siècle.
L'auteur de La Place revient avec une oeuvre qu'elle porte depuis plus de vingt ans. Une autobiographie impersonnelle et fascinante où Annie Ernaux tient la chronique de son xxe siècle. Rencontre.
Il pleut sur Cergy et Annie Ernaux rayonne. Comme si le temps n'avait pas de prise sur ce corps élancé à la blonde et longue chevelure de jeune fille - ni les années noires, celles du cancer puis de l'inexplicable maladie de peau au nom imprononçable, ni les 67 printemps humés depuis le 1er septembre 1940.
Des fenêtres de sa maison surplombant les plaines de l'Oise, le spectacle est grandiose: nulle tour de la ville nouvelle avoisinante à l'horizon, mais un paysage éternel d'Ile-de-France, avec ses chênes, ses hêtres, ses bouleaux, sa rivière et, affirme-t-elle, par temps clair, la tour Eiffel. On la croit sur parole. Comment Annie Ernaux pourrait-elle mentir? Elle qui écrit tout depuis 1974, la honte de la petite fille d'épicier d'Yvetot devant les jeunes bourgeoises de son école, le jour de 1952 où son père a voulu tuer sa mère, sa rencontre avec une faiseuse d'anges, la passion irraisonnée pour un diplomate russe, l'Alzheimer de sa mère et tant d'autres intimités.
Les Années! Le titre claque, faussement simple, comme l'étaient Une femme, La Place, L'Evénement. Il aurait pu s'appeler «La lumière des années» («trop poétique») ou encore «Les jours du monde» - trop elliptique. C'est en 2005, deux ans avant la remise du manuscrit, le 31 octobre dernier, que la romancière a baptisé, soulagée, son livre. Une pierre de plus à l'échafaudage de ce «roman total», oeuvre maîtresse autour de laquelle elle tourne depuis vingt ans, «sorte de destin de femme qui ferait ressortir le passage du temps en elle et hors d'elle».
Annie Ernaux est une plume chercheuse. Depuis 1985, donc, l'agrégée de lettres traque la forme idéale. Non la métaphore piquante, ni l'adjectif juste ou la formule délicate, mais l'art et la méthode. C'est devant une classe de seconde d'un lycée de Vitry-sur-Seine qu'elle a, cette année-là, éprouvé le besoin de raconter, «autrement qu'avec des mots en circulation et des stéréotypes», son expérience personnelle.
«Capter le reflet projeté sur l'écran de la mémoire individuelle par l'histoire collective» n'est pas une mince affaire. Alors elle publie, «par défaut» - de jolis défauts - des ouvrages, Passion simple, La Honte, détachés du grand projet. En 2000, l'heure de la retraite sonne, ses deux fils volent depuis longtemps de leurs propres ailes, les Caddies du supermarché se font moins lourds et un sentiment d'urgence l'envahit. C'est maintenant qu'elle doit «mettre en forme par l'écriture son absence future», avant que sa mémoire ne devienne «brumeuse et muette». «Et puis, avoue-t-elle d'une voix douce, presque timide, au risque de paraître prétentieuse, j'avais le sentiment d'être la seule à pouvoir l'écrire. Pour avoir été, très tôt, gamine assise sur les escaliers du café-épicerie de mes parents, à l'écoute du bruit du monde et pour être à jamais une "transfuge sociale".»
Chaque génération y puisera ses madeleines
Les fondamentaux se dessinent. Pour cette autobiographie impersonnelle, ce sera «ils», «nous», «on», «elle», et non le «je», par trop subjectif et réducteur. Puis elle choisit l'imparfait «continu, absolu, dévorant le présent au fur et à mesure jusqu'à la dernière image d'une vie». Les photos d'elle-même, dûment datées, scanderont le récit et déclineront, tel un révélateur, la part intime de cette femme du xxe siècle. Enfin, les repas de famille et de fête, moments de relâchement mais aussi rituels répondant à des codes très précis, accompagneront la plongée dans cette «vaste sensation collective». Le tout alimenté par des milliers de notes, un journal intime et, surtout, une mémoire phénoménale.
1940-2007: la vie s'égrène, protéiforme, en autant de séquences que d'images. Au temps d'avant raconté (les guerres, la faim, le rutabaga, Pétain), succède celui d'hier, vécu, subi, jamais sublimé - elle n'apprécie guère le mot «passé». «Ça fait romantique, nostalgique. Le monde n'était pas mieux avant, il est en mutation, c'est tout.» | Mots-clés : | thème littéraire France autobiographie 1940- 2000- mémoire souvenir chronique vie quotidienne | Type : | texte imprimé ; fiction | Genre : | autobiographie/roman | En ligne : | http://www.lexpress.fr/culture/livre/nos-annees-ernaux_822628.html |
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